Les débuts

3 octobre : L’arrivée en France…

Ils venaient de Suisse, du Valais, de cette haute vallée du Rhône, ‘ce coin égaré de Provence avec ses mêmes vignes, ses coteaux ensoleillés, et son même  fleuve’. Ils étaient trois prêtres-religieux. Les Pères Maurice, Gérard et Pierre. Ils n’avaient pas 30 ans. Ils n’avaient qu’une idée en tête, un projet précis : faire renaître en France une Congrégation prestigieuse de leur Ordre des Chanoines de Saint-Augustin, celle de Saint-Victor éteinte depuis plus de 200 ans. Ils virent la si belle église, en firent la visite, levèrent les yeux, et furent ‘envoûtés’. « N’allons pas plus loin, dirent-ils, c’est là. »

Le village de Champagne dans les années 1960-70

Les pères Léon et Gilbert – Travaux au presbytère

… et à Champagne  Noël 1968

Premier Noël. La décision d’installation à Champagne a été prise. L’évêque de Viviers a donné son accord et confié la paroisse à ces jeunes religieux. Mais pas encore le presbytère. Les premières semaines de l’hiver dans un bâtiment du village, sans confort ni chauffage. Avec l’accueil chaleureux de Champenois qui ouvrent leurs maisons et leurs cœurs pour l’indispensable. Les journées, c’était le travail de remise en état du presbytère. Ils avaient été professeurs, ils devenaient plâtriers, maçons, électriciens. Et la prière, quotidienne, qui monte dans l’église…

1971 Pose de la première pierre...

 

Le Père Maurice, bâtisseur

… et le bâtiment principal

 

L’inauguration

17 novembre1974… L’inauguration

Peu à peu de jeunes hommes rejoignent la communauté. On manque de place et il faut construire, dans la confiance. Après deux années d’un labeur ininterrompu malgré les difficultés matérielles de tous ordres, malgré les canicules et les froids, le bâtiment construit entièrement des mains des frères, épaulés par de nombreux amis, est inauguré.

Après la Messe concélébrée par le P. Maurice, le P. Pierre et le P. Gérard, par Mgr Lebrun, ancien évêque d’Autun et par les Pères Abbés de N.D. des Neiges et de Saint Michel de Frigolet, a lieu la cérémonie de la Bénédiction du Prieuré suivant un cérémonial et une liturgie particulièrement expressifs.

Un repas typiquement valaisan réunissait ensuite les convives dans le nouveau réfectoire.

Un « Te Deum » à l’église terminait cette journée.

C’est après la grand-messe que, dimanche dernier a eu lieu l’inauguration du Prieuré de Champagne, œuvre réalisée de leurs propres mains par la communauté des Chanoines réguliers de Saint-Augustin. Cérémonie au caratère empreint d’une simplicité vraiment monastique, convenant parfaitement à la circonstance.

On remarquait sur les lieux la présence de Mgr Lebrun, ancien évêque d’Autun, des pères abbés des monastères de Notre-Dame-des-Neiges et de Saint-Michel de Frigolet, du père prieur de Rome, de M. Soldati, consul de Suisse à Lyon, d’une importante délégation de la population de Saint-Léonard, commune du Valais suisse d’où est originaire le père Maurice, prieur général, avec son maire, M. Edouard Delalay et le curé de la paroisse, M. l’abbé Ravaz. A ces personnalités s’ajoutaient M. le Maire de Champagne et de nombreux ecclésiastiques de la région.

Après avoir excusé Mgr Hermil, évêque de Viviers, retenu par d’autres obligations, le père Maurice exposa les leçons de la cérémonie se plaçant surtout au point de vue spirituel. M. Boissonnet, président de l’Association du Prieuré, fit l’historique de la communauté depuis l’arrivée des trois premiers pères, à la fin de 1968, qui venaient de Suisse, et de l’œuvre accomplie depuis. M. le Maire de Saint-Léonard expliqua l’importance de l’amitié entre sa commune et celle de Champagne, et l’impression heureuse ressentie par ses concitoyens venus aider à la construction du prieuré…

C’est ensuite dans un profond recueillement qu’eut lieu la bénédiction des lieux et du bâtiment. La cérémonie s’acheva par un vin d’honneur, tandis que la chorale de Serrières exécutait à la perfection de très beaux cantiques de circonstances.

Extrait du Dauphiné Libéré

Bénédiction abbatiale

14 février 1976

Le Prieuré devient Abbaye

Le 14 février 1976, 7 années après l’arrivée à Champagne, la communauté et de nombreux amis entourent le P. Maurice BITZ, Prieur général de la Congrégation, qui est béni Abbé. La cérémonie est présidée par Mgr HERMIL, Évêque de Viviers, entouré de Mgr HALLER ancien Abbé de Saint-Maurice et de Mgr LEBRUN ancien Évêque d’Autun.

Étaient présents, 5 Abbés de monastères, les pasteurs BECHOOLF et BOEQUET, Henri TORRE Conseiller Général de notre Canton ainsi que de très nombreux amis de l’Ardèche et du Valais.

Avec le père MARDUEL (de dos)
du Foyer de Charité de CHÂTEAUNEUF DE GALAURE et à droite le Père Guy ROSE, premier novice de la communauté

Avec le Cardinal JOURNET

Au cours de la messe, furent remis à l’élu les insignes de sa dignité : l’anneau, la mitre et la crosse, cette dernière offerte par les Trappistes de N.D.des Neiges.

« Recevez cette Règle transmise par vos Pères pour la conduite et la garde des frères que Dieu vous confie. Que Dieu lui-même vous en donne la force et que la faiblesse humaine n’y fasse pas obstacle. »

« Recevez cet anneau comme sceau de la foi pour qu’avec une foi sans faille et un courage à toute épreuve, vous gardiez dans l’amour fraternel votre famille canoniale. »

« Recevez le bâton du pasteur, prenez grand soin des frères qui vous sont confiés, car un jour, vous devrez en rendre compte. »

 

Les ‘armes’ choisies par le P. Maurice

et sa devise ‘Caritate Serviente Felix’ ‘Heureux en servant la charité’

Suite des travaux

1978-86

Construction d’un Oratoire-Bibliothèque

Il fallait une petite chapelle à proximité de l’Abbaye pour la prière de chacun et pour certaines cérémonies plus intimes.

Il fallait aussi une bibliothèque, car il y a tant de livres à l’Abbaye qu’ils ne peuvent être classés faute de place.

             

                                                              L’oratoire

1981-86

Construction des ‘24 chambres’

Le nombre de frères s’accroissant, l’espace manque encore. Il faut continuer à bâtir ! Et si les moyens financiers sont limités, le travail des frères et des pères de la communauté, avec l’assistance de la Providence, permet de réaliser 24 nouvelles chambres, ainsi que des salles de cours et des ateliers. La formation des jeunes frères se poursuit : travail intellectuel le matin, chantier l’après-midi.

Les chambres en construction

Les premiers prieurés

SAINT-ASTIER

puis CHANCELADE (Dordogne)

En 1982, un an après la béatification par saint Jean-Paul II d’Alain de Solminihac, chanoine régulier, Abbé de Chancelade, évêque de Cahors, Mgr Patria invite la communauté à fonder un prieuré dans son diocèse. La communauté, installée d’abord à Saint-Astier, est en 1998 transférée à Chancelade, là même où vécut le Bienheureux Alain. La communauté, outre le travail pastoral au service du diocèse de Périgueux et Sarlat, anime un centre spirituel à Chancelade.

  

 MONTBRON

(Charente)

En 1983, à la demande de Mgr ROL, évêque d’Angoulême, s’ouvre le prieuré de Montbron, petite ville de Charente à une trentaine de km d’Angoulême. Progressivement le champ pastoral du travail des frères s’étend largement au-delà de Montbron pour couvrir aujourd’hui un très large espace.

BOURG-lès-VALENCE (Drôme)

puis SAINT-PÉRAY (Ardèche)

En 2000, à la demande de Mgr Didier-Léon MARCHAND, évêque de Valence, les chanoines sont installés à Bourg-lès-Valence, desservant 3 grosses paroisses à la périphérie de Valence.

Tout en conservant le service pastoral de ce vaste ensemble, le siège du prieuré est, en 2012, transféré à Saint-Péray, en Ardèche, sur l’autre rive du Rhône. Des confrères de la communauté desservent, au service du diocèse de Viviers, la paroisse Saint-Pierre de Crussol.

L’appel de l’Afrique

Le prieuré de Basotu

Depuis 1979, des liens s’étaient tissés entre le P. Abbé Maurice et de jeunes tanzaniens. Plusieurs vinrent à l’abbaye, pour s’y former. En 1980 un évêque de Mbulu, Mgr HANDU, rencontre le P. Maurice. L’évêque désirait une fondation religieuse dans son diocèse. Plusieurs jeunes tanzaniens, désireux de mener le genre de vie canoniale, quittèrent leur pays pour venir se former en France, à l’abbaye. En 1990 Mgr HANDU offre à la communauté un vaste terrain, en vue de la construction d’un monastère et d’une église, afin que puisse y rayonner le charisme canonial victorin.

Le futur Prieuré sera construit sur ce terrain, situé à 1,5 km du village de BASOTU, au bord d’un lac magnifique. Mais il n’y a alors ni eau ni électricité.

 

Avec une incroyable ténacité le Père Abbé, aidé de confrères et d’amis, commence et mène à bien, sur une quinzaine d’années, un chantier impressionnant : 14 cases-logement pour les prêtres, un réfectoire, une magnifique église, des réservoirs d’eau, des ateliers et des bâtiments agricoles. Groupes de jeunes, amis, volontaires, avec aussi l’aide de la population locale et de généreux soutiens rendent possible ces réalisations à bien des égards exemplaires.

Aujourd’hui nos frères présents en Tanzanie poursuivent, avec de nombreux projets (écoles, paroisses…) ce mouvement initié il y a maintenant presque 40 ans.

 

2015 Le temps des passages

Juillet 2015 un nouvel Abbé

Proche de ses 75 ans, le Père Abbé Maurice convoque en mai 2015 un chapitre plénier. Après qu’il ait présenté sa démission, acceptée par les frères, le chapitre doit élire un nouveau Père Abbé et choisit pour cette charge le P. Hugues Paulze d’Ivoy. Cette élection a été confirmée par la Congrégation pour les Instituts de Vie Consacrée, à Rome, le samedi 6 juin 2015.

Le 21 juillet 2015, fête de saint Victor, martyr, patron de la congrégation, en présence d’évêques, de pères Abbés, de prêtres et de nombreux fidèles, Mgr François Blondel, administrateur apostolique et évêque émérite de Viviers, conférait la bénédiction abbatiale au Père Hugues. C’est le Père Abbé Maurice Bitz qui accueillit la nombreuse et chaleureuse assemblée emplissant l’église de Champagne alors que Mgr Luc Ravel, notre confrère, rappelait dans son homélie quelle charge est celle d’un Père Abbé.

 

Les ‘armes’ choisies par le P. Hugues
et sa devise ‘Spiritus accendit in dilectionem’
‘L’Esprit embrase d’amour’

Septembre 2015

Le Père Maurice BITZ rappelé à Dieu…

« Je sais, moi, que mon Rédempteur est vivant, et que, de ma chair je verrai Dieu. » Jb 19, 25-26

Le 24 septembre 2015, quelques semaines après avoir célébré avec le P. Pierre son jubilé d’ordination sacerdotale, au retour de l’inoubliable célébration des martyrs de la légion thébaine, au terme des célébrations du jubilé du 1500ème anniversaire de l’abbaye de saint Maurice d’Agaune, le P. Maurice s’endort dans la paix du Seigneur. Il repose au cimetière de Champagne, entouré des confrères qui ont déjà vécu le passage vers la Vie.

« Pour tous ceux qui croient en toi, Seigneur, la vie n’est pas détruite, elle est transformée ; et lorsque prend  fin leur séjour sur la terre, ils ont déjà une demeure éternelle dans les cieux. »

Liturgie des défunts

Champagne c’est aussi…

Les sœurs du Petit Pré

Non loin des frères, au Petit Pré, s’est développée une communauté de chanoinesses régulières de Saint-Victor, reliée aux chanoinesses d’Ypres en Belgique, qui portent le flambeau victorin sans interruption depuis le XIIIe siècle. Elles vivent dans le même esprit de prière contemplative, d’offrande dans la vie fraternelle, d’attention aux besoins du monde. Elles ont formé une communauté de chanoinesses en Tanzanie, dont le centre se trouve à Arusha.

 

La Paroisse de Simbi au Rwanda

Depuis septembre 2016 la communauté a fondé une maison au Rwanda à l’appel de l’Église locale. Après de nombreux liens et la présence de frères rwandais dans la communauté, l’évêque de Butaré, Mgr Philippe RUKAMBA a confié à la communauté la paroisse de Marie Reine à Simbi. Plusieurs confrères y forment des jeunes à notre vie canoniale en la vivant avec eux.