Notre charisme
Les Victorins suivent la règle de Saint Augustin. Comme tout chanoine régulier, « ils n’ont pas à proprement parler de fondateur. Ils se sont réclamés de saint Augustin à cause de sa Règle, profondément inspirée par l’exemple de l’Église primitive, et probablement composée pour ses frères moines du monastère du Jardin12. Ils s’y réfèrent plus encore en raison du genre de vie qu’il a institué ensuite dans sa maison épiscopale d’Hippone : dans leur communauté fraternelle comme dans leurs activités pastorales, l’évêque Augustin et ses clercs s’engageaient à vivre l’idéal des premiers chrétiens. Aussi les chanoines réguliers sont-ils fondés à voir dans cette communauté née à la Pentecôte leur véritable modèle. » (Constitutions, n°4)
La vie de Saint Augustin
La plus ancienne fresque de saint Augustin (Basilique du Latran)
« J’aimais aimer » : une jeunesse à la recherche assoiffée du bonheur
354 : le 13 novembre, naît à Thagaste (Algérie), en Numidie, province romaine de l’Afrique proconsulaire, fertile grenier de Rome, Aurelius Augustinus, fils du païen Patricius, petit propriétaire terrien qui favorisera ses études et se convertira sur le tard, et de la fervente chrétienne Monique qui va prier et agir pour la conversion de son fils. Augustin, berbère romain, reçoit les rites des catéchumènes mais n’est pas baptisé. Le nom du Christ, reçu de la foi de sa mère, ne le quittera en réalité jamais.
370 : après des études classiques à Thagaste puis à Madaure, et une part d’oisiveté et de tâtonnement, Augustin est un étudiant brillant à Carthage, la bouillonnante métropole. Liaison durable avec une concubine dont il a un fils, Adéodat. Lecture de l’Hortensius de Cicéron, qui réveille en lui l’amour de la vraie Sagesse. Adhésion pour neuf années à la secte manichéenne, qui professe l’opposition radicale des principes du bien et du mal et une vision matérialiste de Dieu.
« Tu as converti mon être à toi » : une conversion par étapes
384 : après l’enseignement à Thagaste puis à Carthage, et une année décevante comme professeur de rhétorique à Rome, Augustin s’installe à Milan, capitale impériale, où il occupe la place en vue de rhéteur offciel. Plaisirs, honneurs et richesses lui sont promis, avec l’espoir de hautes charges dans l’administration de l’empire. Sur le conseil de sa mère, Augustin vient écouter les belles et profondes prédications du fameux évêque Ambroise, l’ancien préfet de la ville. Petit à petit, il découvre grâce à lui le sens spirituel des Écritures qui d’abord le rebutaient. Il lit aussi les philosophes néo-platoniciens, qui l’invitent à l’intériorité et à la découverte de la lumière de la Raison divine.
Août 386 : dans un jardin de Milan, conversion libérante d’Augustin, à la lecture de saint Paul. S’en suit une retraite méditative et philosophique à Cassiciacum avec ses proches et amis. Augustin aimera toujours chercher Dieu et vivre de sa grâce dans un climat d’amitié fraternelle.
Vigile pascale dans la nuit du 24 au 25 avril 387 : baptême d’Augustin, avec son fils Adéodat et son ami Alypius, au baptistère de la cathédrale de Milan, par l’évêque Ambroise. Mort de Monique à Ostie, retour en Afrique.
« Pour vous je suis évêque, avec vous je suis chrétien » : au service inlassable de l’Église et de ses frères
388 : Augustin choisit de revenir en Afrique pour une première expérience de vie monastique à Thagaste. Mais, ordonné prêtre malgré lui en 391, Augustin commence par prendre le temps d’étudier l’Écriture Sainte. L’intellectuel aimant la retraite contemplative doit passer à l’humble et actif service de tous.
396 : le voici évêque d’Hippone. Tout en menant la vie commune fraternelle avec ses clercs dans sa maison épiscopale, Augustin déborde d’activité : pastorale (liturgie, prédications, entretiens), sociale (audiences quotidiennes du tribunal de paix de l’évêque), ecclésiale (voyages aux Églises de la province), et théologique (rédaction de ses traités, nombreuses interventions dans les débats théologiques et les conciles régionaux à la demande du primat de Carthage, son ami Aurélien).
La chute de Rome, prise le 24 août 410 par les barbares d’Alaric, est un drame pour l’empire. Augustin en fait l’occasion de sa réflexion sur le sens chrétien de l’histoire des sociétés : La Cité de Dieu.
Augustin prend une part de premier plan à la conférence de Carthage en juin 411 contre le schisme donatiste, Église intransigeante de purs qui divise violemment les communautés chrétiennes de la région.
Il lutte aussi inlassablement contre l’hérésie pélagienne : alors que celle-ci affirme l’homme capable de faire ou de commencer de réaliser le bien par lui-même, Augustin défend la radicale primauté et la nécessité de l’amour et de la grâce de Dieu pour la conversion et la sainteté de l’homme.
Relisant sa vie à la lumière de la grâce de Dieu dans ses Confessions, Augustin en fera aussi bien une confession de foi avec l’Église, qu’une confession de sa misère d’homme pécheur, débouchant sur une confession de louange et d’action de grâces au Dieu vivant et miséricordieux, source de lumière et de paix.
28 août 430 : après avoir désigné un successeur et pleuré ses fautes en méditant les psaumes de la pénitence pour demander la miséricorde de Dieu, Augustin refuse de quitter sa ville assiégée par les Vandales et y meurt entouré de ses proches et amis. Transporté en Italie peu après, le corps de saint Augustin repose à Pavie.
Le charisme canonial
Le charisme canonial à la suite du monastère des clercs de Saint Augustin, est lié de manière essentielle au sacerdoce hiérarchique et ministériel. Rassemblés en un « collège de prêtres », les chanoines sont destinés à assumer l’intercession sacerdotale de l’Eglise, spécialement par l’Eucharistie qu’ils célèbrent quotidiennement, et à accomplir la triple mission d’enseignement, de sanctification et de conduite pastorale du Peuple de Dieu.
« La spiritualité canoniale est une ecclésiologie vécue, ce qui fait du chanoine régulier, à un titre particulier, un vir ecclesiasticus, homme dans l’Eglise, mieux, homme de l’Eglise, homme de la communauté chrétienne » (Constitutions, n°5)
Être homme de la prière de l’Eglise – La vie liturgique
Nos journées sont rythmées par le chant de l’Office divin (Laudes, Milieu du Jour, Vêpres, Complies) qui culmine dans la célébration de l’Eucharistie, « source et sommet de toute la vie de l’Eglise ». Cette prière écclésiale s’accompagne de temps réguliers d’oraison personnelle source indispensable de progression et de fécondité spirituelle.
« Lorsque vous priez Dieu par des psaumes et des hymnes, méditez en votre cœur ce que prononcent vos lèvres. » (Règle de Saint Augustin, II, 3)
Être homme de la communion de l’Eglise – La communion fraternelle
L’Eglise est communion de grâce, signe et moyen de l’union des hommes avec eux et entre eux à l’image de la première Eglise de Jérusalem qu’Augustin donne en modèle à ses clercs : « Ils n’avaient qu’un seul cœur et qu’une seule âme, et tout leur était commun » (Ac 4, 32)
Les lieux principaux de la communion sont d’abord la liturgie et les repas. Elle s’exprime aussi dans les diverses tâches menées ensemble au service de la communion ecclésiale mais aussi dans les réunions et sorties fraternelles.
« Tout d’abord, puisque vous êtes rassemblés dans l’unité, habitez d’un parfait accord dans la maison, n’ayant qu’ « un cœur et qu’une âme » tendus vers Dieu ». (Règle de Saint Augustin, I, 2)
« Oui, il est bon, il est doux pour des frères de vivre ensemble et d’être unis ! » (Psaume 132, 1)
Être homme de la mission de l’Eglise – La vie pastorale
Notre mission canoniale s’enracine principalement dans le service commun des Eglises locales. La communauté de Champagne et de ses prieurés assume dans plusieurs diocèses la charge de paroisses mais rempli aussi son service ecclésial dans de multiples autres directions : accompagnement de mouvements (scouts, MEJ, étudiants, etc), présence dans diverses aumôneries (hôpital, prison, armée, milieu scolaire), organisation de retraites et de pèlerinages, investissement auprès d’universités et d’organismes scientifiques (études supérieures et recherches philosophiques et théologiques).
« Ce que tu feras, c’est l’Eglise qui le fera, et tu le feras pour l’amour de cette Eglise dont tu es le fils. » (Saint Augustin, Lettre 134).
« Conduire le troupeau du Seigneur est un office d’amour » (Saint Augustin, Sur l’évangile sont Saint Jean, 123).