Nos origines  (Saint Victor)

L’origine de la Congrégation des Chanoines réguliers de Saint-Victor remonte à l’année 1108
lorsque Maître Guillaume de Champeaux, archidiacre de Paris et écolâtre de Notre Dame
se retira aux portes de la ville avec quelques étudiants auprès d’une chapelle dédiée à Saint Victor,
martyrisé à Marseille au début du IVe siècle.

1108 : Fondation de l’abbaye Saint-Victor de Paris

 

Maître Guillaume de Champeaux, archidiacre de Paris et écolâtre de Notre Dame se retire aux portes de la ville avec quelques étudiants, auprès d’une chapelle dédiée à saint Victor, martyr.

Participant du profond mouvement du renouveau spirituel de l’Église, la nouvelle abbaye veut mener la vie de clercs religieux, la vie commune des Apôtres de la primitive Église, sous la règle de Saint Augustin. Elle devient vite réputée, tête d’un Ordre regroupant abbayes et prieurés.

Favorisée des rois et des papes, mêlée de près à la réforme de l’Église, elle est un centre rayonnant dont l’école de théologie, qu’illustrent Hugues, Achard, Richard, Adam, Godefroy, attire de nombreux étudiants et des personnalités en vue.

Contempler, célébrer et enseigner les mystères du Christ et de l’Église, voilà l’idéal des Victorins, qui en fit des missionnaires en Europe du Nord, des hospitaliers, des curés de paroisse aussi bien que des confesseurs des étudiants de Paris.

L’abbaye restera vivante jusqu’à sa disparition à la révolution française. Un héritage unique et plus que cela: un sillage qui laisse aujourd’hui encore une trace lumineuse.

La vie de Saint Victor

A l’orée du IVème siècle, l’empire romain est bien évangélisé : la foi a pénétré les diverses couches de la population, non seulement les esclaves et les pauvres, mais encore les magistrats et les grands dignitaires. Les chrétiens possèdent des cimetières, des lieux de cultes et de prière. C’est ainsi à Marseille. Mais en février 303, sous le règne de Dioclétien et de son ami Maximien, une persécution éclate soudainement, brutale, systématique et générale.

Le 8 juillet 303 ou 304, le préfet Euticius siège au tribunal à Marseille quand on lui présente un soldat nommé Victor : Ce soldat est effronté. Il ne veut plus percevoir sa solde et il clame qu’il est chrétien. En entendant cela le préfet dit à Victor : « Pourquoi n’acceptes-tu pas la solde habituelle ? » Saint Victor lui dit : « Parce que désormais, je ne veux plus militer dans le siècle ». Le préfet Euticius lui dit : « Victor, sacrifie ». Victor lui dit : « Je ne sacrifie pas aux faux dieux ». Alors le juge ordonne de lui lier les bras dans le dos et de le traîner au milieu de la cité. Après ce premier supplice il est ramené devant le juge qui lui dit : « Sacrifie ». Il répond : « Je ne sacrifierai pas ; cela est dû au Créateur, non à une créature. En entendant cela le tribun Astérius lui donne une gifle et dit : « Toi qui n’es même pas digne de voir le jour, tu parles maintenant en philosophe ! Sacrifie aux dieux ». Victor dit : « Il n’est de Dieu qu’un seul, celui qui a tout fait de rien ». Et tandis qu’il dit cela sous l’inspiration de l’Esprit Saint, les soldats se succèdent pour le frapper à coups de gourdin.

Après cela, Asterius ordonne de le suspendre et de le martyriser avec des lanières de cuir. Puis ensuite il est descendu et renvoyé aux arrêts. Visité par ses frères, il les console en disant : « Refusez d’être tristes pour moi, frères, car ceux qui luttent pour nous sont plus forts que ceux qui nous attaquent. Je n’aurai pas pu, de mes propres forces, supporter tant de souffrances, si la grâce de Dieu ne m’avait aidé. Car lorsque j’étais suspendu et flagellé au fouet de cuir, je vis près de moi un homme très beau, tenant en main une croix qui me disait d’une voix lente : « C’est moi, Jésus, qui subis les outrages et les tourments, en la personne de mes confesseurs. »

Le 21 juillet, Victor est tiré des arrêts et traduit à nouveau devant le préfet Euticius. Il refuse à plusieurs reprises de sacrifier aux dieux. Le juge lui présente l’autel où il doit sacrifier. Mais Saint Victor ne supporte pas de regarder l’autel dédié aux faux dieux. D’un coup de pied, il le fait tomber de la main du prêtre, par terre. Pour ce fait, le juge en colère ordonne que le pied ayant donné le coup soit coupé. Euticius lui dit : « Sacrifie tout de suite, maintenant ». Saint Victor lui répond : « Je ne sacrifie pas aux démons ». Alors Euticius ordonne de le mettre sous la meule du boulanger, entraîné par un animal, où le grain autrefois dispersé est habituellement moulu. Et lui-même, ainsi contraint, rend l’âme. Les chrétiens de Marseille dérobent le corps, puis ils cachent les saintes reliques en hâte, en un lieu à flanc de colline, où ils creusent le rocher.

Très rapidement, sa tombe, proche du vieux port de la cité phocéenne, devient un important lieu de pèlerinage. Saint Jean Cassien y fonde au début du Ve siècle une abbaye monastique qui rayonne largement. L’émouvante Confession du Martyrium souterrain y est restée un lieu de témoignage et de prière.

Dès le XIIe siècle, Hugues de Saint-Victor passa par Marseille et apporta des reliques du saint martyr à l’abbaye parisienne des chanoines, où il était tenu en grand honneur.

Aujourd’hui encore, saint Victor, témoin du Christ, Agneau immolé et victorieux nous invite à la louange et à l’offrande de notre vie : « Tu as voulu, seigneur, que le témoignage du martyr soit la plus belle expression de la foi ; accorde-nous, à la prière de saint Victor, la force de confirmer par toute notre vie la foi que nos lèvres proclament. Par Jésus le Christ, notre Seigneur. Amen. »

L’Abbaye Saint-Victor de Paris

Saint-Victor est une ancienne abbaye de chanoines réguliers fondée au XIIe siècle par Guillaume de Champeaux, archidiacre et directeur (écolâtre) de l’école cathédrale de Notre-Dame de Paris. En quelques dizaines d’années Saint-Victor était devenue l’un des centres les plus importants de la vie intellectuelle de l’Occident médiéval, surtout dans le domaine de la théologie et de la philosophie. Son rayonnement perça au travers de maîtres aussi illustres que Hugues, Adam, André, Richard ou Thomas Gallus, explorant de nombreux champs de la connaissance. Supprimée en 1790, l’abbaye fut démolie en 1811 et remplacée, d’abord par la halle aux vins, puis, dans la deuxième moitié du XXe siècle par la faculté des sciences, et aujourd’hui les sites de l’institut de physique du globe et de l’université Jussieu. La devise de l’abbaye était : Jesus, Maria, sanctus Victor, sanctus Augustinus.

Saint Victor à l’époque médiévale

En quelques dizaines d’années Saint-Victor était devenue l’un des centres les plus importants de la vie intellectuelle de l’Occident médiéval, surtout dans le domaine de la théologie et de la philosophie. Son rayonnement perça au travers de maîtres aussi illustres que Hugues, Adam, André, Richard ou Thomas Gallus, explorant de nombreux champs de la connaissance. Supprimée en 1790, l’abbaye fut démolie en 1811 et remplacée, d’abord par la halle aux vins, puis, dans la deuxième moitié du XXe siècle par la faculté des sciences, et aujourd’hui les sites de l’institut de physique du globe et de l’université Jussieu. La devise de l’abbaye était : Jesus, Maria, sanctus Victor, sanctus Augustinus.

En ce sens, «la spiritualité canoniale est une ecclésiologie vécue », ce qui fait du chanoine régulier, à un titre particulier, un « vir ecclesiasticus, homme dans l’Église, mieux, homme de l’Église, homme de la communauté chrétienne ». Cette caractéristique est vécue de façon communautaire, au sein d’un «collège de prêtres»: le chanoine appartient à un corps organique où se vivent la complémentarité et la coresponsabilité des membres dans l’unité de la tête. (Constitutions n° ?)

Comme dans toutes les Congrégations ou fédérations canoniales du XIIe s., la pratique de l’hospitalité est large dans la congrégation victorine. Ce n’est pas une nouveauté introduite avec la régularité augustinienne dans la vie des chanoines passés de la Règle d’Aix à la vie canoniale augustinienne : ces pratiques hospitalières antérieures ont été approfondies ou élargies au XIIe s. Cette hospitalité a été vécue selon la modalité propre à chaque branche canoniale (hospices, écoles, hôtelleries de pèlerinage…). A Saint-Victor elle a pris pour une part, du fait de l’origine de la fondation et de sa nature, la forme de ce qu’on peut appeler une hospitalité éducative. Elle y est aussi une partie de son héritage originel, antérieur au XIIe s. : chacun des chanoines parisiens auparavant groupés avec Guillaume vivait, dans sa maison du cloître, avec des élèves de l’école canoniale et prenait soin de leur formation religieuse. Elle ne remplace pas les autres formes d’hospitalité, qui restent présentes, mais les colore en les intégrant. Elle n’est pas propre à l’abbaye parisienne seule, mais existe dans les prieurés-cures : cela devait être car elle est une des formes intégrantes du ministère canonial régulier et les prieurés-cures étaient vus comme ce par quoi le peuple chrétien est rejoint. A tous ces niveaux se retrouve le propter vos vobiscum augustinien.

Hugues de Saint-Victor enseignant ses disciples