Devenir chanoine

1. Le discernement

Tu as rencontré

des chanoines à l’occasion d’un temps fort, d’une retraite ou d’un pèlerinage…

Tu souhaites davantage découvrir la spiritualité canoniale et nos communautés…

Tu te demandes si Dieu ne t’appellerait pas à le suivre sur ce chemin de la vie consacrée…

Tout en continuant ta vie dans le monde, tu peux venir passer quelques jours à l’Abbaye ou dans un de nos prieurés pour continuer à discerner ce que Dieu veut pour toi.

Le postulat

Après ce premier discernement, il est possible de demander à être admis dans la communauté comme postulant. Cette étape, qui nécessite de quitter le monde pour mener la vie commune avec les frères, permet de mieux découvrir la spiritualité canoniale de l’intérieur, en commençant à la vivre. C’est aussi un temps de vérification de l’appel à servir Dieu dans cette famille religieuse par la participation à la vie de la communauté, aux temps liturgiques et fraternels.

Le noviciat

Le noviciat, qui débute par la prise d’habit, est le commencement effectif de la vie religieuse. Il marque l’entrée dans l’ordre canonial. D’un an ou deux, il se déroule à Champagne ou Basotu, en Tanzanie. Aucune formation autre que la formation religieuse, confiée principalement au père-maître, n’est poursuivie ou entreprise durant cette période, de manière à vérifier l’appel du candidat à la vie religieuse. Celui-ci y fait d’ailleurs une première expérience des vœux.

Le jour de son entrée au noviciat, le frère répond ainsi au Père Abbé, qui lui demande ce qu’il demande : « L’amour de Dieu me pousse à venir ici pour faire l’essai de votre genre de vie. Apprenez-moi à suivre le Christ jusqu’à la croix, à vivre pauvre, obéissant et chaste, fidèle à la prière, adonné à l’ascèse, à servir l’Église et tous les hommes, à former avec vous un seul cœur et une seule âme. Aidez-moi à garder, à tout instant, les commandements de l’Évangile, à connaître votre Règle et à observer la loi de la charité fraternelle. »

2. La formation initiale

Le parcours de formation initiale intègre les quatre dimensions d’une formation intégrale, donnant à chacune sa place. Les réflexions ci-dessous sont tirées de la Charte de formation de la Congrégation.

1ère dimension : La formation humaine

Les services communautaires sont un lieu où s’apprend concrètement l’exercice de la charité fraternelle.
Ils forment à la joie du don de soi dans l’amour, du travail en commun, à l’assiduité dans les tâches domestiques et familiales humbles, répétitives et parfois même ingrates.

Le travail manuel (constructions, entretien ou réfection des bâtiments, jardinage, etc) participe au bien vivre ensemble et à l’accueil de nos hôtes. Il stimule la créativité, fait naître ou développe des aptitudes (sens pratique, dextérité) et requière en outre une dépense physique, des connaissances techniques ou un savoir-faire qui contribuent au développement de la personne. Ces temps réguliers de « chantier » permettent de découvrir la joie du travail en commun et le goût du travail bien fait, jusqu’au bout.

Le sport. Pratiqué au moins une fois par semaine en communauté, il participe à la santé physique des frères et favorise les liens entre eux. Il éveille au sens de l’effort, à la discipline et au respect des règles. Il apprend au jeune en formation à canaliser ses passions et ses pulsions dans joie de la victoire comme dans la frustration de la défaite.

Les sorties et divertissements communautaires (voyages, visites, jeux de société, films) favorisent la détente et le repos et sont toujours l’occasion d’une croissance pour la vie de la communauté comme pour la vie de chaque frère.

2ème dimension : La formation spirituelle

La Parole de Dieu. Chaque confrère pouvant y trouver la force de sa foi et la nourriture de sa vie spirituelle doit s’astreindre à l’étudier fidèlement et à en faire le fondement de son activité pastorale.

La liturgie. Étant donné l’importance de la prière liturgique dans notre genre de vie, les frères seront spécialement formés à son esprit et à sa pratique, ainsi qu’à son importance dans la mission et dans la vie du peuple de Dieu.

La prière personnelle, notamment l’heure d’oraison quotidienne, est au cœur de la vie de chaque chanoine. Une formation à la spiritualité canoniale et victorine ainsi qu’aux grands courants spirituels la structure et la nourrit.

La miséricorde. En expérimentant le pardon dans la vie fraternelle, en le recevant régulièrement dans le sacrement de la réconciliation, en apprenant à poser un regard de miséricorde sur les personnes et les situations, les frères tendent à devenir des « hommes de miséricorde ».

3ème dimension : La formation intellectuelle

Les cours. Ils sont donnés régulièrement, de manière suivie ou sous forme de sessions d’une semaine, par les enseignants résidents à l’abbaye ou dans sa proximité. Ils sont validés par un examen écrit ou oral.

L’étude personnelle. Essentielle, elle est le complément nécessaire des cours donnés durant l’année ; son but n’est pas seulement d’accroître les connaissances, mais d’aider à la rencontre de Dieu et à la maturation du jugement personnel qui favorise le discernement.

4ème dimension : La formation pastorale

Durant sa formation, le futur chanoine est progressivement associé à certaines tâches pastorales (accompagnement de groupes et de mouvements, préparation d’enseignements sur divers sujets spirituels ou d’actualité, etc). En outre, les moyens de communication modernes utilisés avec prudence et à bon escient permettront aux jeunes en formation d’ouvrir des possibilités nouvelles de relations interpersonnelles, de rencontre avec les autres, de confrontation avec le prochain et de témoignage de la foi.

3. La profession religieuse

Au terme du noviciat, le religieux se lie pour trois ans, mais dans un esprit de consécration définitive, par les vœux de chasteté, de pauvreté et d’obéissance au cours de sa Profession temporaire.

La période de formation intégrale se poursuit avec, d’un point de vue de la formation intellectuelle et pastorale, une adaptation aux besoins, capacités et appels de chacun.

L’engagement temporaire débouche sur la Profession solennelle lorsque le religieux s’engage définitivement devant ses frères et le Père Abbé, selon la Règle de Saint Augustin et les Constitutions de notre Congrégation des Chanoines réguliers de saint-Victor.

Les vœux

La chasteté
(Constitutions n°17-22)

La chasteté chrétienne appartient à la charité chrétienne vécue jusqu’au bout.

Le vœu qu’inspire le conseil évangélique donne à la chasteté une forme particulière qui se vit dans la continence parfaite et le célibat perpétuel. Fruit d’un amour sans partage, elle apprend aux hommes l’amour exclusif du Père, véritable source de tout amour, et réalise déjà dans un cœur dépouillé les avancées du Royaume et la remontée de l’univers au sein de la Trinité.

Dans nos communautés chrétiennes, cette chasteté requiert la garde du regard, qui suppose entre autres un usage défini et prudent des médias, le don de soi par un service régulier dans les tâches quotidiennes, l’ascèse du travail accompli jusqu’au bout, le respect de soi et des autres dans toutes les dimensions de la personne.

La pauvreté
(Constitutions n°23-27)

Le vœu qu’inspire le conseil évangélique donne à la pauvreté une forme particulière qui anticipe le Royaume où Dieu sera notre seul bien, et où disparaîtra toute propriété humaine, si légitime fût-elle.

Selon l’usage de nos pères victorins, pour lesquels le vœu de pauvreté était exprimé par le mot de « communion », la mise en commun et la désappropriation personnelle sont la forme que prend la pauvreté du chanoine régulier.

Une pauvreté spirituelle et responsable ne se limite pas à la simplicité de vie : elle exige une dépendance réelle par rapport à la communauté, car désormais, le frère vit en elle et par elle.

L’obéissance
(Constitutions n°28-33)

L’obéissance chrétienne n’est autre que l’exercice de la foi, adhésion amoureuse à la volonté du Père.

Le vœu qu’inspire le conseil évangélique donne à cette obéissance une forme particulière qui fait recevoir les supérieurs de communautés comme des instruments de la volonté du Père. Fruit d’une liberté humaine parfaite, ce vœu permet à l’homme de régner vraiment sur un monde qu’il rapporte au Père par le Christ pour constituer le Royaume.

Le serviteur n’étant pas plus grand que le maître, l’obéissance prend tantôt la forme de l’agonie dans un mystère de croix, tantôt la forme de l’exultation dans un mystère de joie.

4. La formation permanente

« L’épanouissement de notre alliance d’amour avec le Christ ne s’achève pas dans l’engagement définitif ; le confrère ne cesse d’apprendre à discerner les signes de l’Esprit pour leur donner une réponse appropriée. Il le fait par une formation permanente, des exercices spirituels réguliers, personnels et communautaires, une mise à jour doctrinale, pastorale ou professionnelle, un approfondissement de notre charisme propre et une connaissance actuelle du monde où il s’exerce. Chaque année, le supérieur donne des temps convenables pour la restauration de l’âme et du corps »

(Constitutions n°61)