Homélie du 15 mai 2020

 

Évangile : Jean 15,12-17.

L’élection d’Abraham comprend trois choses :

-une mission : « Parts de ton pays, vers le pays que je te ferai voir ».

-une bénédiction : « Je te bénirai, en toi seront bénies toutes les familles de la terre», qui s’accompagne d’une promesse,

-la promesse d’une descendance.

Notre élection, notre consécration baptismale ou religieuse comporte aussi ces trois dimensions, Jésus nous le dit ce matin : « ce n’est pas vous qui m’avez choisi, c’est moi qui vous ai choisis et établis afin que vous alliez et portiez du fruit (…) Tout ce que vous demanderez au Père en mon nom, il vous le donnera ».

« Que vous alliez », c’est la mission.

« Que vous portiez du fruit », c’est la bénédiction, elle s’achève dans une promesse :

« tout ce que vous demanderez au Père en mon nom, il vous le donnera ».

Il en va ainsi dans tout appel, dans toute élection avec le Seigneur. Il ya toujours ces trois dimensions.

Notre Dieu qui, dès l’origine, n’a pas voulu nous abandonner à la solitude d’une vie sans les autres, ne nous a pas choisis seulement pour nous-mêmes. Nous avons aussi été choisis pour les autres, pour la communauté, pour l’Église, pour le monde même.

Comme pour Abraham, par le moyen de notre élection, de notre consécration, Dieu veut faire de nous une bénédiction pour le monde, une bénédiction pour l’Église, pour la communauté paroissiale ou religieuse.

Nous devons avoir cela constamment à l’esprit si nous voulons être fidèles à notre vocation et si nous voulons porter du fruit. Sommes-nous conscients de la puissance dont nous disposons dans cette bénédiction divine, dans notre consécration, la puissance de changer le monde ? Ceux qui croient en la promesse de Jésus y parviennent : « Tout ce que vous demanderez au Père en mon nom, il vous le donnera ». Les saints ont cru dans cette promesse, ils y sont parvenus, se sont les vrais réformateurs disait souvent Benoît XVI. Appuyée sur Jésus la prière est un puissant levier qui peut soulever le monde. Ce rôle d’intercession que Dieu nous confie en Jésus est un merveilleux talent et nous serons jugés sur notre capacité à le faire fructifier.

Mais encore une fois, cet appel de Dieu, cette élection et cette mission qu’il nous confie, tout cela ne procède pas de nos mérites, de nos capacités, mais de l’amour premier de Dieu sur chacun, chacune d’entre nous : « Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, c’est moi qui vous ai choisis ». « Je suis ta récompense trop grande » dit Dieu à Abraham. Dieu nous a donné sa vie en Jésus, il nous entraîne à donner la nôtre à notre tour pour nos frères. Nous le pouvons si d’abord, nous accueillons la sienne : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés ». Il ne s’agit pas là seulement d’aimer nos frères de tout notre cœur, mais de tout son cœur à lui.