Pâques 2020
Champagne
Alléuia, le Christ est vivant, il est ressuscité.
Je voudrais reprendre ce matin deux mots de l’évangile que nous venons d’entendre :
« Il vit et il crut ». Ces deux mots sont souvent liés dans les évangiles.
Voir, c’est être présent, c’est être témoin. C’est donc faire l’expérience. C’est ce que dit St jean au début de sa première lettre : « Ce qui était dès le commencement, ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé et que nos mains ont touché du Verbe de Vie,… ce que nous avons vu et entendu, nous vous l’annonçons, à vous aussi, afin que vous aussi vous soyez en communion avec nous. Et notre communion est communion avec le Père, le Fils et le Saint Esprit. »
A Bethléem, après la naissance de Jésus les bergers vont voir ce qui est arrivé et « l’ayant vu, ils firent connaître ce qui leur avait été dit ». Les mages ensuite « virent l’enfant avec Marie sa mère et se prosternant, ils lui rendirent hommage ».
L’appel des disciples est une invitation aussi à voir : « Rabbi, où demeure-tu ? » Jésus leur répondit « venez et vous verrez ». Ils allèrent donc, ils virent où il demeurait et ils demeurèrent auprès de lui ce jour-là ».
Cependant, voir ne suffit pas pour croire. Jésus l’exprime dans la parabole du pauvre Lazare et de l’homme riche : « Même si quelqu’un ressuscite d’entre les morts, ils ne seront pas convaincus ». Ce qui a été le cas des scribes et des pharisiens après la résurrection de l’autre Lazare.
Jésus se plaint souvent auprès des foules qu’il côtoie : « vous voyez et vous ne croyez pas ». Il y a trois semaines, nous l’avons entendu dire dans l’évangile du 4ème dimanche de carême, s’adressant aux Pharisiens : « Si vous étiez aveugles vous n’auriez pas de péché, mais du moment que vous dites «nous voyons» votre péché demeure. »
Ce qui est mis en question ici, c’est notre manière de voir.
Dans sa rencontre avec le jeune homme riche qui mène une vie exemplaire, Jésus lui pose la question : « Dans la loi qu’y a-t-il d’écrit, comment lis-tu ? » Notre manière de lire la Bible, mais aussi les événements de notre vie conditionne notre manière de comprendre et de comprendre le monde.
A Lourdes, lorsqu’Aquéro demanda à Bernadette de gratter la terre pour trouver la source et de manger de l’herbe, beaucoup de personnes sont reparties en criant au scandale. Pourtant, certains, remués dans leur adhésion à la réalité des apparitions se disaient : « quand même, c’est curieux, mais il y a quelque chose ».
Nous entendrons bientôt cette phrase de Jésus à Thomas : « Heureux ceux qui croient sans avoir vu ».
En ce jour de Pâques, nous pouvons dire avec St Pierre : « Lui, Jésus-Christ, que vous aimez sans l’avoir vu, en qui vous croyez sans le voir encore, vous réjouissant d’une joie ineffable et glorieuse ».
Nous ne le voyons pas, mais nous faisons cette expérience intime de sa présence. Il est le Vivant, il est là. Comme le dit le pape François, « nous sommes les tabernacles du Seigneur, nous portons le Seigneur avec nous. » Il nous aime et ne nous abandonne jamais. Il est notre compagnon de voyage, notre ami sur la route, le frère qui nous guide. Le pape François va même plus loin en disant dans son homélie, jeudi saint, il y a deux jours : « Si je ne permets pas que le Seigneur soit mon serviteur, que le Seigneur me lave, me fasse grandir, me pardonne, je n’entrerai pas dans le Royaume des cieux. » Il insiste encore à la fin de son intervention : « Laissez-vous laver les pieds. Le Seigneur est votre serviteur, il est proche de vous pour vous donner la force, pour vous laver les pieds ».
Cet amour de Jésus, nous voulons le partager. Nous désirons tant que d’autres puissent découvrir, au plus profond d’eux même, cette douce présence du Ressuscité, lui qui n’est pas venu pour nous juger mais pour nous sauver. C’est ce qu’écrivait notre évêque dans sa dernière lettre pastorale : « Il s’agit, de manière renouvelée, de proposer à tous les ardéchois de rencontrer Jésus-Christ en personne pour que chacun expérimente pour lui-même et avec les autres, que lui seul peut les sauver, parce qu’il est « le chemin, la vérité et la vie ».
Rencontrer Jésus-Christ en personne. Voilà le défi qui nous est lancé.
C’est bien sûr au travers de l’Eglise que cela peut se faire. Car ce n’est pas nous qui œuvrons, mais c’est l’Esprit Saint qui attire au Père les frères de Jésus-Christ.
Nous sommes invités à témoigner de la foi en la vivant. Si nous sommes habités par le Christ, c’est Lui qui va venir rayonner en nous. Oh pas de manière ostentatoire, non. Ce n’est pas son mode de fonctionnement. Ce n’est jamais dans l’apparence comme le disait hier soir le père Louis dans son homélie de la Veillée pascale.
Voilà pourquoi voir ne suffit pas. Vivre de la foi, c’est vivre de la communion avec Dieu, Père, Fils et Saint Esprit, Lui qui m’invite aussi à vivre de la communion avec mes frères. C’est ce que disait Jésus à ses disciples lors de la dernière cène : « C’est à l’amour que vous aurez les uns pour les autres que l’on vous reconnaitra comme étant mes disciples ».
Cet amour de Dieu et des autres fait grandir en nous la joie profonde. C’est un thème récurrent chez notre pape François. S’adressant en 2015 à Naples au clergé et aux religieux il disait ceci « Quand il n’y a pas de joie, il y a quelque chose qui ne va pas. Sans joie, tu n’attires pas vers le Seigneur et vers l’Évangile. »
Je terminerai par cette autre parole du pape François à Rome en 2013 : « Je voulais vous dire un mot et ce mot, c’est la joie. En premier lieu, il s’agit d’être des personnes heureuses, réalisées, joyeuses parce que « là où sont les religieux, il y a de la joie ». Partout où il y a des consacrés, des séminaristes, des religieuses et des religieux, il y a de la joie, toujours de la joie ! C’est la joie de la fraîcheur, c’est la joie de suivre Jésus, la joie que nous donne le Saint-Esprit, non pas la joie du monde ».